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À la découverte de la maison Bollinger avec Charles-Armand, directeur général.

Dernière mise à jour : 10 févr.

Dans un précédent article, je dressais le portrait de Charles-Armand de Belenet, directeur général de la maison Champagne Bollinger, que l’on a reçu lors du premier épisode de notre podcast Raisin d’être.

Le podcast est à retrouver en vidéo sur Youtube, et en version audio sur Spotify et sur Apple Podcasts. Je vous laisse avec la suite de l’échange sur la maison Champagne Bollinger.

Maison de champagne Bollinger

Est ce que tu peux nous présenter la maison Champagne Bollinger ?

Alors Bollinger, c'est une des dernières maisons 100 % familiale de la Champagne, il n'en reste plus que deux ou trois aujourd’hui. Les autres ont été rachetées essentiellement par des grands groupes. Et donc Bollinger a gardé cet esprit très, très familial. La maison a été créée il y a quasiment 200 ans et c'est la même famille qui est à la tête de Bollinger depuis 200 ans, ce qui est assez exceptionnel.

C'est une maison qui a une passion pour le pinot noir. Le champagne, ça se fait avec trois cépages : chardonnay, pinot noir, pinot meunier principalement. Bollinger c’est pinot noir, pinot noir, pinot noir. Notre cœur vibre pour le pinot noir, c’est peut-être aussi mes origines bourguignonnes qui parlent pour ça.

Et donc toute notre mission, c'est de donner le meilleur du pinot noir en Champagne. Et c'est pour ça qu'on a un savoir faire qui est assez atypique, un savoir faire qui est essentiellement lié à la vinification sous bois.

En Champagne, on fait plutôt des vinifications en cuve. Nous, on vinifie sous bois dans des petits tonneaux bourguignons. On en a 4000 qui permettent d'apporter une patine toute particulière à notre vin. Ça, c'est un des savoir faire spécifiques. On vieillit nos vins très longtemps, à peu près deux fois la moyenne de la Champagne. On aime prendre notre temps.

On a aussi une spécificité, c'est notre dimension très vigneronne. Nous sommes à Ay, qui est un village de vignerons et on a à peu près 180 hectares de vignes en propre, ce qui est très rare en Champagne, puisqu’en Champagne, beaucoup de maisons achètent plutôt le raisin. Nous, on a une grande partie de nos raisins qui viennent de nos propres vignobles. Donc on a cette culture vigneronne qui est très ancrée chez nous, ce qui explique qu'on fait toujours notre vin rouge tranquille qui est un point historique.

Donc voilà, ça reste une maison très artisanale, avec un savoir faire très spécifique. Et c'est pour ça qu'on est entreprise du patrimoine vivant aussi, parce qu'on met l'Homme au cœur de l'élaboration de nos grands vins.

Tu parlais pas mal du côté familial. J'ai l'impression qu'il y a un gros côté humain aussi dans cette maison ?

Oui alors moi, je suis bercé depuis tout petit parce que, comme beaucoup de personnes, mes parents pour Noël ou pour le jour de l’an d'ailleurs, surtout en ce moment, systématiquement prenaient du Bollinger. C'est à dire qu'ils avaient une autre maison de champagne pour le reste de l'année. Mais Noël et le jour de l'an, c'était Bollinger.

Donc j’ai toujours eu énormément de respect pour cette maison. Le vin était très atypique aussi en le dégustant. Pour moi, ça a toujours été beaucoup plus un vin qu'un champagne. C'était un grand vin de champagne, donc j'en avais une image déjà extrêmement élevée. Et puis je l'avais identifié aussi quand je regardais ce qui se passait dans le marché des maisons de champagne. C'est une maison qui, entre guillemets, avait tout bon, c'est à dire qu'elle a gardé un savoir faire exceptionnel. Là, il y a une très, très grande stabilité, une très grande cohérence dans le style du vin, dans cette discrétion que peut avoir la maison et qui entraîne un respect énorme.

Et puis le vin qui a toujours été assez atypique. Donc j'étais toujours très attiré par cette maison et elle a probablement tout ce qu'il faut aujourd'hui. Et les vents sont très porteurs, on le voit aujourd'hui. Pour s'épanouir dans cette maison, elle travaille sur le temps long, donc je savais que je pouvais y aller pour une période assez longue. Donc voilà grand coup de cœur quand l'opportunité s'est présentée.

Et ce qui est marrant, c'est qu'en fait, si on prend un peu de recul, tu parles pas mal de temps long. C'est 7 années avant que ça sorte une bouteille de champagne ?
Podcast Raisin d'être

Alors ça dépend, nos millésimés, c'est 7 ou 14 années. Juste pour donner un exemple, en ce moment, on est en train de produire une de nos cuvées qui est RD, qui va vieillir quatorze ans, ça veut dire que je dois estimer quelles vont être les ventes dans quatorze ans. On sait déjà pas ce qui va se passer dans trois mois, dans six mois, donc quatorze ans…

Donc ça veut vraiment dire qu'il faut tirer des droites très longues. Alors on parle beaucoup de durabilité mais nous, on est sur ce temps très long. Il faut impérativement du coup penser en se disant comment on va faire pour que la maison soit toujours là dans 20 ans, 30 ans, 40 ans. Dans une start-up on fait un plan à six mois, dans un grand groupe, on fait un plan à trois ans et moi trois ans ça n'a aucun sens puisque tous les vins sont dans la cave pour au moins les 5 à 10 prochaines années.

Là, en ce moment c'est dur à croire, mais je fais mon plan à 2040 en disant “qu'est-ce qu'on prévoit de produire en 2040 ?” Et on produit aujourd'hui, on prépare nos bouteilles et nos investissements pour ça. C'est dur à imaginer, c'est assez unique.

Donc pour l'instant, depuis que tu es entré chez Bollinger, il n’y a même pas une cuvée millésimée qui est sortie ?

C'est pour ça que c'est une grande école d'humilité. C'est là qu’on voit qu'on est un maillon dans une grande chaîne. C'est à dire que très souvent, finalement, on prend le relais et on présente les vins des équipes dont une partie ne travaille plus dans la maison. Donc, on a ce travail de transmission qui est très, très important et de continuité et de cohérence dans le temps.

Et c'est pour ça que de venir pour trois ans chez nous, ça n'a aucun sens. Il faut venir sur des périodes longues et c'est ce qui m'a attiré aussi dans cette maison.

Il y a une anecdote qui est assez marrante : j'ai lu que le champagne Bollinger, c'était le préféré de ton grand père. C'est une sorte d'héritage la maison Bollinger pour toi ?

Oui pour moi, ça représente exactement cette tradition familiale dont on parle, c'est à dire que c'est un vin Bollinger qui peut être surprenant, parce que c'est ce qu'on appelle une effervescence crémeuse et ce qui est assez atypique.

Une image que je donne souvent : le champagne, c'est un peu comme la pomme granny. Quand on croque une pomme granny, on a le côté un peu acide, frais en bouche. Ça, c'est un type de champagnes qui sont plutôt des champagnes qui, en général, ont vieilli en cuve plutôt pas trop longtemps.

Et si cette pomme granny, une fois qu'on l’a croquée, on la laisse sur sa table. Au bout de quelques heures, elle va commencer un peu à compoter, c'est à dire qu'elle va commencer à devenir un peu marron. On va avoir des arômes un peu plus élaborés, des arômes un peu compotés. Et puis, si on la laisse comme ma grand mère, un an dans la cave, elle va se déshydrater. Et là, on va avoir des arômes de sous bois, de truffes, etc.


Podcast Raisin d'être

Dans le champagne, en fait, c'est un peu la palette aromatique qu'on va avoir. Nous, on ne fait pas la pomme granny. Bollinger commence à partir du compoté jusqu'au sous bois. En fait, on va plutôt chercher ces arômes un peu tertiaires, ces arômes assez complexes, et on va chercher ce qu'on appelle cette effervescence crémeuse.

Et donc très souvent, je fais souvent l'exercice avec des amis qui me disent “non, mais moi, j'aime pas trop le champagne, le côté pétillant, le côté un peu acide, je suis plutôt un amateur de vin”. Alors je dis “très bien écoute, je te fais déguster un vin et tu vas me dire ce que tu en penses”. Je fais souvent déguster une grande année, par exemple une grande année au bout de sept à huit ans de vieillissement.

Et là, c'est toujours une révélation, très souvent pour des amateurs de vin, parce que c'est le vin qui va sortir en numéro un. Et la bulle, va rester finalement très discrète. Parce que plus un vin vieillit longtemps, moins il y a d'effervescence dedans.

Et mon grand père pour revenir dessus était lui producteur à Meursault et il avait le château de Meursault en Bourgogne. Et c'était évidemment un grand amateur de vin et son champagne était Bollinger. Et c'est pour ça que moi, depuis tout petit, j’ai cette image aussi de Bollinger qui rentre dans mes grandes icônes ou mes grandes stars. Ça fait partie des grands vins de cœur.

Et c'est pour ça qu'aujourd'hui c'est un vrai bonheur. Et tout me paraît bien aligné entre guillemets pour moi. En travaillant aujourd'hui pour Bollinger

Oui, on a l'impression que tu es quand même très épanoui quand tu en parles. Il y a un grand sourire pour ceux qui regarderont la vidéo. Quand tu parles de cette maison, tu es vraiment animé.

Et encore, tu verrais avec une coupe de Bollinger c’est encore mieux !

Dans l'article suivant, on parle de l’incroyable histoire de Champagne Bollinger et James Bond. N’hésitez pas à vous abonner à notre podcast pour ne pas manquer les prochains épisodes.

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