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La Champagne, les enjeux du climat et la recherche

C’est le dernier article provenant de notre épisode avec Maxime Toubart, président du syndicat général des vignerons de la Champagne, reçu sur notre podcast “Raisin d’être”.


Raisin d’être c’est le podcast qui met en lumière les gens qui font le monde du vin aujourd’hui, qui en parlent sans prétention mais avec beaucoup de passion. Dans cet article, parle de la Champagne, des enjeux climatiques et de l’importance de la recherche.


Pour écouter, ou visionner notre podcast, c’est par ici.


Est ce que tu peux nous parler un petit peu déjà de ce que les défis environnementaux représentent aujourd'hui en Champagne pour les vignerons ?

D'abord, qu'on soit en Champagne ou ailleurs, les vignerons sont les premiers spectateurs de ce qui se passe. C'est à dire que moi, mon père, il a 75 ans. Mon père il vendangeait en octobre quand il était gamin, il y a 50 ans. Nous on a vendangé cinq fois au mois d'août en dix ans. Il y a une chaleur, une accélération du climat, du cycle de la vigne qui fait qu'on a des maladies qu'on n'avait pas auparavant. On a des parasites qui sont arrivés, qui sont nouveaux, qu'on ne connaissait pas, et un degré alcoolique qui augmente. On est donc obligés de vendanger plus tôt pour avoir un équilibre acide-sucre, on surveille les paramètres analytiques de près.



On a des températures aujourd'hui qui font qu’on récolte des raisins très chauds. Notre travail est de corriger nos pratiques, d'adapter nos pratiques pour maintenir une qualité du produit. Et ça, c'est un aspect qui est important : dans une appellation Champagne comme ailleurs, si on veut continuer à produire sur des terroirs historiques, il faut que nos pratiques on les fasse évoluer.


On va par exemple imaginer de pouvoir planter des vignes semi-larges. C'est des pratiques de densité nouvelles, au lieu d'être à 10 000 pieds par hectares, on est plus entre 5000 et 6000 pieds par hectare.


On double le feuillage. Ça permet de monter les pieds de vigne en hauteur, de travailler le sol de manière plus facile que quand on en est en 10 000 pieds par hectare. Il y a moins d'eau, moins de produits phytosanitaires utilisés. On expérimente des pratiques nouvelles pour nous adapter en permanence.


Et encore, nous, on est dans un climat assez frais, on est encore au nord. On n’intègre pas aujourd'hui, comme certaines régions, des cépages nouveaux, plus frais, qui résistent mieux. Mais il y a des régions aujourd'hui où si on modifie pas très vite l’encépagement, l’irrigation, l'ombre sur la vigne par exemple, on pourra plus produire de vin dans certains endroits.


La première chose, c'est comment on adapte nos pratiques. Parce que de toute façon, le climat change et on n'a pas le choix. Et la deuxième chose, c'est qu'il y a une forte attente sur ces aspects là. Le consommateur aime que le produit soit bon. Par contre, il est attaché aussi à ce que ce qu'il ait été produit dans les règles de l'art. Parfois le process a autant d'importance que la qualité intrinsèque du vin. Parce qu'on achète aussi une histoire quand on achète une bouteille.


L'ambition de la Champagne, ce n'est pas qu'il y ait une élite de 200 à 300 vignerons qui soit en avant et au top de l'innovation et le reste derrière, c’est d’emmener les 20 000 viticulteurs dans une démarche. Alors chacun à son rythme et il y a des gens qui ont besoin de temps parce qu'ils sont situés sur des secteurs qui sont durs, parce que ce sont des petits domaines, parce qu'ils n'ont pas tous la même flexibilité.


Et donc notre ambition est d'accompagner tous les vignerons. On enclenche des choses, on met des objectifs, on a des ambitions fortes. On a un cahier des charges qui permet de valider collectivement des pratiques.


On a un pôle important de recherche. On a aujourd'hui une quarantaine de chercheurs sur deux sites expérimentaux à la fois qui appartiennent à la collectivité de champagne. Et puis on a chez beaucoup d'opérateurs des vignerons, des essais qui sont réalisés.

Les chercheurs ont ce rôle là d'aller encore sur l'étape d'après, par exemple la qualité de l'eau est importante. On est tous capables de comprendre qu'il y a de l'eau potable ou qui l'est moins. On a des marqueurs, des indicateurs sur la qualité de l'eau quand on modifie nos pratiques, ça met parfois 30 ans ou 40 ans avant qu'il y ait un impact réel sur l'eau. Ça veut dire aussi que le temps est long.


On ne voit pas forcément le fruit de ce qu'on a mis en place dans les mois qui viennent et les années qui viennent donc il faut aussi être en capacité d'engager, d'entraîner, d'embarquer les gens et d'investir.



J'ai entendu beaucoup de gens dire “on fera du champagne en Belgique, en Allemagne, en Angleterre, les terrains ce sont les mêmes”. Non ce ne sont pas les mêmes, et puis le climat n'est pas le même. Les vins de Champagne, sont issus d'un terroir, issus d'un climat, issus des pratiques des hommes et des femmes. Et la conjonction de tout ça fait que les vins de Champagne sont comme on les connaît.


Les jeunes vignerons sont vachement sensibles à tout ça. Moi mon père, les vignes étaient sales dès qu'il y avait trois poils d'herbe. Aujourd'hui, une vigne sale, c'est une vigne où il n'y a pas d'herbe. En 20 ans de temps, la mentalité a évolué et mon gamin fera des choses qui étaient insensées il y a 20 ans.


Mes parents, mes grands parents m'ont expliqué. Ils ont pris le temps de m'expliquer le terroir, le paysage, de me montrer leur pratique, de m'expliquer, de voir comment ça se passait, on dégustait, on essayait. Et quand on bouge un paramètre, on se rend compte de l'incidence de cette modification.


Retrouvez l'épisode entier sur Raisin d'être et notre article sur les premières vignes de Maxime Toubart juste ici.

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