Carla
Le Domaine Lafage face à la sécheresse dans le Roussillon 🌞
Pour notre troisième épisode du podcast “Raisin d’être”, nous avons reçu Eliane Lafage, copropriétaire du Domaine Lafage.
Raisin d’être c’est le podcast qui met en lumière les gens qui font le monde du vin aujourd’hui, qui en parlent sans prétention mais avec beaucoup de passion. Dans ce troisième article sur l’épisode avec Eliane, on parle de la sécheresse qui frappe la région du Roussillon depuis plusieurs mois, et des moyens mis en place par le Domaine pour lutter contre le réchauffement climatique. Pour écouter, ou visionner notre podcast, c’est par ici.
Comment est-ce que vous faites pour lutter contre le réchauffement climatique et travailler avec cette sécheresse qui arrive ?

Alors c'est vrai que ça fait partie des enjeux importants sur lesquels on a commencé à réfléchir depuis un petit moment maintenant. On voit que ça s'accélère quand même et que là, effectivement, depuis le mois d'avril dernier, on n'a quasiment pas eu de pluie, donc c'est très très compliqué.
Il y a des axes de réflexion qu'on a entamé il y a quelques années notamment, comme la viticulture régénérative. Aujourd'hui, c'est vraiment notre notre point d'approfondissement, de recherche, de mise en place également. La culture régénérative, quelque part, c'est la vie des sols. C'est comment cultiver de l'eau, comment amener plus de vie au sol, comment capturer l'eau, capturer de la matière organique et faire en sorte que la plante vive mieux.
On a beaucoup travaillé sur le biochar également. C'est du carbone qui est issu de la digestion anaérobie de la matière organique que l'on va produire et épandre dans nos vignes pour venir essayer de capturer l'eau. En fait, aujourd'hui on a plus de 100 hectares qui sont sur des couverts végétaux qui vont amener du drainage au sol, de la matière organique aussi.

On a aussi travaillé sur de l'éco pâturage. L'hiver, on a eu des moutons qui vont tondre la vigne. Ils vont aussi avec leurs excréments, amener de la biodiversité et de la fertilisation pour que la plante se porte mieux. On travaille sur des haies pour pallier la tramontane qui apporte de la sécheresse elle aussi, parce que parfois le peu de pluie qu’on a est balayée par trois jours de tramontane très forte.
On réduit un peu les surfaces foliaires, c'est à dire qu'avant on mettait des canopées très très hautes, avec beaucoup de feuillages exposés donc la plante transpirait beaucoup. Aujourd'hui, on les réduit un petit peu. On les fait un petit peu plus larges de manière à ce que les feuilles viennent couvrir les raisins pour éviter que le soleil ne tape directement sur les raisins.
Aujourd'hui, on fait aussi partie d’un organisme qui s'appelle l’IWCA (International Winery for Climate Action). C'est Miguel Torres, en Espagne, qui a initié ça avec Jackson aux Etats Unis. Donc on est partenaires de cette association et on travaille aujourd'hui sur le sujet du bilan carbone. On investit beaucoup là dedans pour justement réduire nos émissions de carbone.
On a un partenariat avec Sup Agro Montpellier, avec un professeur qui s'appelle le professeur Deloire où on travaille sur l’irrigation. C'est à dire réfléchir à comment on pourrait utiliser un petit peu d'eau et à quel moment pour que ça puisse permettre à la plante de vivre.
Quand on parle d'irrigation, on pense souvent à l'irrigation à tout va. Ce n'est pas le cas. Mais aujourd'hui, dans tous les cas, si on veut produire de la vigne ou produire de l'agriculture, il faut de l’eau, s’il n'y a pas d'eau, il n'y a pas de vie.
Il y a pas mal de chantiers. Et après il y a aussi l’axe des cépages. L'Inra travaille beaucoup depuis plusieurs années là dessus, sur les cépages d’avenir plus tolérants à la sécheresse. Aujourd'hui il y a des cépages qui sont quasiment résistants à l'oïdium, au mildiou et qui permettraient vraiment d'aller au delà du bio.
C'est une vraie priorité, que ce soit au niveau du vignoble qu’au niveau de l'entreprise. Et je pense qu'on n'a pas le choix aujourd'hui. C'est vrai qu’il y a eu un éveil des consciences qui se fait depuis plusieurs années. Écoutez l’épisode entier sur notre podcast Raisin d’être. Et on se retrouve bientôt pour un nouvel article sur le Domaine Lafage.