Carla
Le Domaine Lafage, présenté par Eliane Lafage, copropriétaire du domaine.
Pour notre troisième épisode du podcast “Raisin d’être”, nous avons reçu Eliane Lafage, copropriétaire du Domaine Lafage.
Raisin d’être c’est le podcast qui met en lumière les gens qui font le monde du vin aujourd’hui, qui en parlent sans prétention mais avec beaucoup de passion. Dans ce deuxième article sur l’épisode avec Eliane, on parle du Domaine. Pour écouter, ou visionner notre podcast, c’est par ici.
Entre le moment où vous avez repris le domaine et aujourd'hui il s'est écoulé 20 ans et l'histoire est incroyable ! Tu peux nous en dire 2 mots ?
La famille Lafage était viticultrice depuis sept générations. Mais en fait, il n'y avait pas du tout de valorisation bouteille, comme beaucoup de monde dans la région. Les gens élaboraient du vin, mais soit en coopérative, soit vendu à des négociants. Donc le papa de Jean-Marc et son oncle produisaient des vins, mais vraiment dans une vieille cave avec de la terre battue, des tracteurs au milieu et le vendaient à des négoces.
Nous, on a créé les premières bouteilles du domaine. On est parti de zéro bouteilles, et petit à petit on s'est développés de par notre expérience à l’international. Jean-Marc lui, faisait pas mal de conseil dans différentes caves, notamment en Espagne, Chablis, etc... Et ça lui a permis de rencontrer des importateurs de vin qui ont été intéressés par nous, par ce qu'on faisait, par la qualité de nos vins et qui ont cru en nous.
On a donc démarré par l'export. Finalement on est des œnologues à la base, donc pas du tout de connaissances, ni du commerce, ni vraiment du marché. Il y a des personnes, des rencontres, qui ont fait que ça nous a ouvert des portes et on a démarré comme ça. On est allés sur le marché américain en premier et ensuite l'Allemagne, la Belgique et au fur et à mesure des rencontres, on s'est développé. Au départ on était dans une vieille cave qu'on a rénovée depuis pour intégrer plus de technologie quand même, pour faire des vins comme on avait envie de les faire.

Et puis on a commencé à reprendre des vignobles. Le premier c’était un vignoble dans les Aspres qui s'appelle Le Vignon, qui était vraiment un vignoble tout en courbes de niveau magnifiques. Jean-Marc et son papa avaient des ceps qui étaient un peu en déperdition et un terroir magnifique qu'on a remonté. On a commencé à faire des vins avec ça et voilà, ça s'est développé petit à petit.
En 2006, on a repris un mas qui s'appelle Mas Miraflors où on est principalement aujourd'hui. C'est le lieu qui a permis d'entamer notre croissance, car c'est un lieu où on pouvait commencer à recevoir des acheteurs, des clients, des journalistes. Et puis ça changeait du petit bureau dans la maison et de la cave où on avait beaucoup de mal à recevoir des gens. Quand on a repris le vignoble on avait une trentaine d'hectares. Aujourd'hui on en a à peu près dix fois plus. C'est vrai qu'on a beaucoup de terroirs différents. En fait, on a vraiment des poules de vigne un peu dans différents endroits du Roussillon. Après, ce qui est différent, c'est qu'on a vraiment cette mosaïque de terroirs. On est présents un peu partout, mais parce que chaque endroit va donner des profils différents.
Chez nous, la cave et les chais sont près de la mer, donc on produit essentiellement du blanc, de par la fraîcheur des entrées maritimes qui refroidit un petit peu le terroir et est plus propice à la culture des raisins blancs. On va chercher plus de l'acidité, de la fraîcheur et des arômes primaires de fruits qu'on veut essayer de conserver.
Ensuite, on a plus de rouges sur l'intérieur des terres, sur des terroirs un peu plus chauds ou en altitude. Ça nous permet de présenter un vin qui correspond à tout le monde, grâce à toute notre gamme. Moi, je pense que tout le monde peut trouver son bonheur chez nous. Jean-Marc a vraiment cette passion de la terre, des terroirs, de rechercher toujours l'endroit qui va faire que c'est différent, qui amène plus de fraîcheur, plus d'aromatique. Et comme on a quand même toujours un peu cette envie de créer, de chercher des nouvelles choses, de vinifier différemment, il y a une découverte infinie. Ça reste quand même dans notre ADN à tous les deux d'avoir envie toujours de voir cette émulation qui fait qu'on se dit "tiens, si on faisait quelque chose un peu différent".
Vous vous faites plus de rosé ? Tu m'as parlé pas mal de blancs. C'est quoi la répartition ?
Alors c'est vrai que ces dernières années, le rosé a pris pas mal de place. Je veux dire qu'il y a dix ans ou onze ans, quand on a créé Miraflors, on faisait vraiment quasiment pas de rosé. Puis aujourd'hui, le rosé représente une grosse partie de nos ventes, ça doit faire 25 % à 30 % de nos ventes quand même, 30-40% de rouges et 30% de blancs.

Pour rappel, le vin rosé se fait à base de raisin rouge. Il n'y a que la peau qui est rouge, la pulpe à l'intérieur est blanche. Le vin rosé, il va être obtenu par un léger pressurage, ou une légère macération de la pulpe et du jus. C'est à dire que si on presse directement un raisin rouge, on va obtenir un jus blanc. Si vraiment tu prends une grappe rouge, tu la presses comme ça, ton premier jus est blanc ou très peu coloré. Si tu presses la grappe de raisin rouge, que tu la laisses dans un saladier au contact avec le jus, ça va prendre de la couleur. La couleur, qui est dans la peau, se diffuse dans le jus.
Aujourd'hui, on veut des rosés pâles. On va très très rapidement pressurer les raisins pour avoir peu de couleur. Donc on va avoir un jus qui est légèrement coloré, rosé, qui va fermenter, qui va garder cette couleur rosée. Il y a des cépages qui sont naturellement très peu colorés. Nous, on a beaucoup de grenache noir qui est rouge et des grenaches gris qui ont la peau rosée.
Est-ce que tu peux nous parler un peu de ce millésime 2022 qui a été embouteillé il y a pas longtemps ?
Alors en 2022, on a eu un joli millésime, sauvé par beaucoup, beaucoup d'eau au mois d'avril, au printemps dernier. Ça a permis à la vigne d'arriver avec un joli équilibre pour la récolte parce qu'on a eu un été qui a été relativement chaud.
On a eu millésime qui a démarré très tôt parce qu’il faut savoir qu’on a démarré la récolte le 3 août. Alors on a pas de problème de maladies en général chez nous. Grâce à tramontane, on a peu de pluie qui peut venir abîmer la vigne. Aujourd'hui, on a plus un problème de sécheresse que de pluie.
On a aussi quand même beaucoup travaillé au vignoble pour essayer d'amener les raisins au mieux. Donc on a un joli millésime. On a un millésime un peu plus rond que les autres années, il y a un petit peu moins d'acidité, un petit peu plus de chaleur mais avec de jolies aromatiques. On est contents sur les blancs et les rosés et ensuite sur les rouges on est encore en élevage, mais on a de jolies concentrations et de jolies matières, une belle maturité aussi.
Pour les rouges, on a une cuvée qui s'appelle La Rétro, qui est un vin avec peu d'alcool, qui a déjà été mis en bouteille sur 2022 et en fin d’année on commence à embouteiller les 2022 en fonction des qualités et des durées d'élevage aussi.
Écoutez l’épisode entier sur notre podcast Raisin d’être. On parle de sécheresse dans le Roussillon et des moyens de lutter contre le réchauffement climatique dans la région dans cet article.