Carla
Les vins de Bordeaux, une histoire au rythme du fleuve 🍇
Dernière mise à jour : 25 oct. 2022
Il est facile pour moi de vous parler du vignoble Bordelais, puisque c’est celui au sein duquel j’ai vécu 20 ans. Les vignes de la région m’ont longtemps vu courir auprès d’elles, cueillir quelques uns de leurs fruits et plus tard apprécier leur nectar. Je vous embarque donc dans ma région, le temps de ces quelques lignes, en tâchant de vous transmettre au mieux ce qu’elle a à offrir.
Le vignoble Bordelais est considéré comme l'un des plus anciens et grands du monde. Il représente notamment 1/4 de la superficie des appellations contrôlées en France. Il est également très réputé à l’étranger et constitue la première destination d’œnotourisme en France. Cette réputation trouve ses origines il y a plus de 2000 ans, perpétue aujourd’hui un savoir-faire unique et a évidemment été construite à travers l’histoire de la ville de Bordeaux. Le vignoble compte à ce jour plus de 120 000 hectares de vignes et 10 000 châteaux, que l’on peut aisément découper en 7 grandes sous-régions viticoles : le Médoc, Blaye, Côtes-de-Bourg, le Libournais, les Graves, le Sauternais et l’Entre-deux-mers.
À travers cet article, je vous ferai découvrir l’histoire et les origines des vins de Bordeaux, les caractéristiques du vignoble et les différents terroirs d’exception qui le constituent, mais aussi les meilleurs vins et millésimes du Bordelais.

Le vignoble de Bordeaux
L'histoire des vins de Bordeaux
Comme je vous le disais au début de cet article, il a fallu 2000 ans pour que la ville de Bordeaux et sa région viticole soient considérées comme la capitale mondiale du vin. La région a toujours jouit d’un climat tempéré et océanique et d’un ensoleillement favorable à la culture des vignes et la production de bons vins. Remontons rapidement le temps pour comprendre l’évolution et l’histoire des vins de Bordeaux.
Du 1er au 4ème siècle, la ville de Bordeaux, alors appelée Burdigala, est rapidement devenue une cité de négoce où le vin s’est introduit dans le quotidien et l’ensemble des secteurs : de nouveaux métiers, de nouvelles architectures, une nouvelle économie jusqu’à même de nouvelles formes d’arts. Au 12ème siècle s’établit un lien fort entre Bordeaux et la Grande-Bretagne et la ville devient le fournisseur principal de vins pour les Anglais. 2 siècles plus tard, l’équivalent de plus de 100 000 tonneaux sera envoyé à l’export, un grand record qu’on ne battra qu’au milieu du siècle dernier.
1855 est une date importante dans l’histoire des vins de Bordeaux, puisque c’est la date à laquelle le classement des grands vins de Bordeaux est né. Il régit encore aujourd’hui la qualité et la réputation des grands Châteaux de notre région. Le 19ème siècle est une période qui a vu Bordeaux et ses vins se développer à une vitesse fulgurante, la production passe du simple au double et le nombre de vins envoyés à l’export triple. À la fin du siècle, dans les années 1860-1870, le phylloxéra attaque le vignoble Français de part en part, et la région viticole de Bordeaux n’y échappe pas. Les rendements diminuent, les prix des bouteilles de vins augmentent, le paysage viticole est plongé dans une profonde crise.
Les récentes années ont été remplies de challenges qui ont forcé la région viticole de Bordeaux et l’ensemble de ses acteurs à se réinventer pour le mieux. Le climat joue un rôle central aujourd’hui dans notre gestion de la vigne et l’avenir des vins de Bordeaux. Retrouvez mon article sur l’impact du changement climatique sur la vigne si le sujet vous intéresse.
Les caractéristiques du vignoble bordelais

Sur les 120 000 hectares de vignes plantés à travers 60 appellations dans la région viticole de Bordeaux, il faut savoir que 80% sont dédiés à la production de vin rouge. On y produit par contre également toutes les autres couleurs du vin : du vin blanc, sec à liquoreux, des rosés et quelques typicités de Bordeaux comme le Clairet ou le Crémant de Bordeaux en effervescent. Cela représente presque 7 millions d’hectolitres par an, qui représentent une rare diversité de vins.
Une caractéristique typique du vignoble Bordelais réside dans ces vins d’assemblage. La grande majorité des vins de la région sont effectivement issus de l’assemblage de plusieurs cépages vinifiés séparément au sein d’un même vin. Si vous avez besoin d’un petit rappel sur la méthode de production d’un vin rouge, c’est par ici.
Le vignoble Bordelais est séparé en 2 parties, de chaque côté de l’Estuaire : la rive gauche et la rive droite. Voyons quelles sont les typicités de chacun des rives.
Les vins de Bordeaux côté rive gauche
La rive gauche de Bordeaux se caractérise globalement par des vins rouges puissants et profitant d’un bon potentiel de garde. C’est le Cabernet Sauvignon qui s’impose comme le cépage majoritaire dans l’assemblage. Il apport ses tanins, sa puissance, son acidité et de chouettes arômes de fruits noirs. On le couple avec son ami le Merlot, minoritaire de ce côté de l’Estuaire, qui lui permet d’assouplir le vin avec ses tanins plus fondus et sa rondeur.
Du côté des vins blancs, on retrouve quelques secs dans les Graves. Mais surtout d’exceptionnels vins blancs liquoreux dans le Sauternais. Les cépages principaux sont le Sémillon, le Sauvignon blanc et la Muscadelle. Les vins de Sauternes longent le Ciron, un fleuve qui permet un climat favorable à la pourriture noble, aussi appelée botrytis. C’est ce champignon qui permet la production de vins liquoreux dans la région. Les arômes de ces vins sont les fruits confits, les fruits secs ou encore le miel. Leur potentiel de garde est immense et peut atteindre 100 ans pour quelques rares vins.
Les vins de la rive gauche sont très connus et réputés, notamment grâce au classement de 1855. On y retrouve par ailleurs de très grandes exploitations, qui ne sont malheureusement plus toujours familiales puisque rachetées par des investisseurs ou des grands groupes.
Les vins de Bordeaux côté rive droite
On traverse le fleuve pour se rendre sur la rive droite. C’est le petit coin bien précis qui m’a vue grandir, alors il n’a plus beaucoup de secrets pour moi. De ce côté-ci, c’est le Merlot qui fait sa loi, il devient majoritaire dans la plupart des assemblages, et vient être complété de son ami le Cabernet Sauvignon. Quelques appellations l’utilisent en très faible quantité dans l’assemblage, voire pas du tout. C’est le cas notamment de Pomerol et Saint-Émilion. Les vins sont donc plus souples et équilibrés dans leur jeunesse, mais qui sont aussi taillés pour la garde.
Les exploitations viticoles de la rive droite sont bien plus petites et appartiennent encore souvent aux familles et aux vignerons. Le vignoble de la rive droite est considéré comme très dynamique sur de nombreux points : les assemblages, les méthodes utilisées, l’essor du bio, de la biodynamie… C’est aussi une terre de classement, puisqu’on y retrouve le classement des vins de Saint-Émilion qui a beaucoup fait parlé de lui au cours des dernières décennies. J’en parle dans cet article. Ce classement est revisité tous les ans, à l’inverse des autres classements des vins de la région Bordelaise, preuve encore de la dynamique plus moderne de la rive droite selon moi.

Une mosaïque de terroirs d’exception à l’origine des vins de Bordeaux
Les appellations principales de la région viticole de Bordeaux
On ne va pas pouvoir faire le tour de l’ensemble des appellations de la région viticole de Bordeaux, mais voici les principales. On commence avec Saint-Émilion, premier vignoble à avoir été classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il y a ensuite Margaux, connue à l’international pour ses vins. C’est une des plus grandes appellations du Médoc, qui compte 21 crus classés. J’en parlais un peu plus haut, impossible de passer à côté de l’appellation Sauternes, qui produit des vins blancs liquoreux exceptionnels, parfois considérés comme les meilleurs du monde. Vous devez connaître Pauillac, une appellation du Médoc qui compte elle aussi des crus classés, au nombre de 18. On termine avec Pessac-Léognan, une appellation qui regroupe l’ensemble des crus classés des Graves et qui produit des vins rouges très élégants et d’excellents vins blancs.
Quels sont les différents cépages du Bordelais ?
Voici les principaux cépages rouges plantés dans la région viticole de Bordeaux : le Cabernet-sauvignon, le Cabernet franc et le Merlot. Du côté des vins blancs, on retrouve le Sémillon, le Sauvignon blanc et la Muscadelle. Comme je l’expliquais, l’assemblage de ces cépages varie en fonction du terroir. Dans le Libournais, environ 75% de l’encépagement est représenté par le merlot. Il n’est par contre présent qu’à 40% sur l’autre rive.
Les grands millésimes récents du Bordelais

Voici un mémo des millésimes exceptionnels des années 2000 à aujourd’hui. Commençons justement par l’année 2000 qui a produit des vins très élégants, puissants et concentrés. Si vous appréciez la puissance des tanins que peuvent avoir les vins de Bordeaux, vous serez servi ! 5 ans après, 2005 signe une très belle année pour les vins Bordelais. Cette année-ci fut frappée par une longue période de sécheresse qui a mis la vigne en stress hydrique. Les raisins ont atteint une belle maturité et ont donné des vins également très corsés et puissants mais gorgés de fruits. 2009 est vraisemblablement l’un des meilleurs millésimes récents de la région. Le climat a beaucoup fluctué et les raisins ont atteint une maturité impeccable, ce qui a créé des vins d’exception. L’année d’après fut aussi un très grand millésime. Les vins de 2010 sont super harmonieux et corsés et sont taillés pour une longue garde.
Comme je le disais en tout début de cet article, j’ai grandi dans la région de Bordeaux, et j’ai appris à apprécier le vin en m’initiant d’abord à ces vins-là. Je ne suis donc pas totalement objective, mais je vous recommande plus que vivement de vous essayer aux différents vins des splendides appellations de la région, de venir à la rencontre de nos vignerons et d’apprendre à aimer leurs vins. Parfois décriés, ils sont pourtant d’une richesse unique et ont encore beaucoup à offrir.
L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.