Carla
Quel est l’impact du réchauffement climatique sur la vigne et le vin ?
À l’heure où le réchauffement climatique est au centre des discussions et préoccupations, et suite à cet été (plus que) chaud que nous avons subi, quel avenir peut-on dessiner pour la vigne ? À moins de modifier drastiquement nos comportements, l’horizon des futures décennies ne s’annonce pas glorieux. La vigne et la filière viti-vinicole plus globalement vont devoir s’adapter pour être à la fois motrice d’une réduction des émissions mais aussi pour survivre aux conditions environnementales défavorables.

Les effets du réchauffement climatique sur la filière vin 🍷
La taille du vignoble français se réduit :
Au cours des 50 dernières années, la taille du vignoble français s’est largement réduite. C’est l’un des effets néfastes du réchauffement climatique sur la vigne. On parle ici de 400 000 hectares de parcelles en moins, dont une grande partie dans le Languedoc-Roussillon, en première ligne concernant les changements climatiques. Actuellement, c’est l’équivalent d’un domaine sur 6 qui est perdu chaque décennie, et 10% de taux de mortalité de la vigne.
Cette réduction du vignoble français n’est pas seulement due aux récents et alarmants changements climatiques. Cela fait des centaines d’années que les sols sur lesquels sont plantées les vignes sont gérés en monoculture et en agriculture intensive. Le recours aux différents engrais et produits chimiques n’ayant évidemment pas aidé à préserver les sols et les écosystèmes.
Le vignoble mondial modifié par le réchauffement climatique :
Et dans le reste du monde ? Les études actuelles dressent un scénario dans lequel la moitié des vignobles dont on dispose aujourd’hui dans le monde seraient amenés à disparaître. Une augmentation de la température de seulement 2°C suffirait à réduire à néant plus de 50% du vignoble mondial. Et si l’on dépasse les 4°C, il s’agirait là de 85% du vignoble mondial se retrouvant en très grand péril.
En parallèle de cette réduction de la taille du vignoble mondial, certaines régions seront elles dans un premier temps préservées des risques liés au changement climatique. Principalement car elles se situent dans des régions plus froides, il s’agit notamment de l’Allemagne, la Nouvelle-Zélande et le nord des États-Unis.
Le cycle de la vigne est perturbé :
Les changements climatiques viennent perturber le cycle habituel de la vigne. La chaleur induit un développement plus précoce et des stress hydriques de plus en plus fréquents : les sols manquent cruellement d’eau. On en parle justement dans l’article “quel est l’impact de la sécheresse sur la vigne ?”. Au cours des dernières décennies, la date des vendanges a également bien avancé, toutes régions confondues. En 26 ans, les vendanges ont avancé de 15 jours en Côtes-du-Rhône et à Saint-Émilion. Quand elles ont avancé de 26 jours en Alsace ! Les températures encore élevées imposent alors aux Hommes de s’adapter et quelques fois vendanger de nuit.
Le réchauffement climatique va-t-il modifier le goût du vin ?

Puisque le cycle de la vigne dont on parlait précédemment ainsi que l’écosystème duquel la vigne fait partie est perturbé, il y a bien sûr une répercussion sur le goût du vin, et donc sur ce que vous allez déguster. Qu’est-ce qui change pour nous en tant que consommateur ? Eh bien premièrement, les vins risquent d’être de plus en plus riches en alcool, puisque les températures plus élevées vont mener à une plus grande concentration en sucres, donc en alcool après fermentation. Si vous avez besoin d’une piqûre de rappel sur les étapes de la production d’un vin rouge, c’est par ici.
L’acidité, à l’inverse, va être de plus en plus dure à obtenir. Et enfin les arômes que l’on retrouve aujourd’hui dans un cépage ou un autre pourront aussi être différents, ce qui risquerait de modifier complètement votre appréciation d’une appellation ou même d’une région en particulier. Un vin rouge aujourd’hui léger et délicat pourrait devenir beaucoup plus puissant et alcooleux. Peut-être que les grands fans de Bordeaux retrouveront leur bonheur dans des vins issus de vignobles se situant plus au nord.
Comment la vigne peut s’adapter au réchauffement climatique ? 🌱
Le projet Laccave, pour une viticulture plus responsable :
Le projet Laccave a étudié les impacts du réchauffement climatique sur la vigne pour proposer en suivant des solutions permettant à la fois de lutter contre ses effets, mais également de participer à leurs réductions. L’une des propositions centrales concerne la restauration des sols, qui ont été amoindris et détériorés depuis des décennies. On y parle par ailleurs de tester de nouveaux ou d’anciens cépages, qui s’adapteraient plus facilement aux nouvelles conditions climatiques. La question de l’implantation des vignobles étant aussi cruciale : les vignes souffrent moins dans les régions du nord ou en altitude.
D’autre part, afin de participer aux efforts fournis pour réduire les émissions, plusieurs solutions technologiques sont proposées. La culture biologique est également l’un des fers de lance pour réagir à l’urgence actuelle.
De nouveaux cépages pour limiter l’impact du réchauffement climatique :
L’une des grandes solutions aujourd’hui testée dans de nombreux vignobles est d’adapter les cépages plantés. Le raisin étant un fruit très sensible aux changements de température, les cépages qui s’adaptaient jusqu’à aujourd’hui au climat Bordelais ne le pourront plus demain. Et on peut généraliser ce cas à la plupart des régions viticoles françaises. Remplacer les cépages actuels par de nouveaux, ou des cépages anciens dits “oubliés” s’avère incontournable. Certains cépages ancestraux, qui ne sont plus utilisés depuis la crise du phylloxéra dans les années 1960, sont apparemment plus résistants et sont de bons candidats au remplacement.
Pour conclure, l’urgence climatique se fait plus que jamais ressentir au sein des vignobles. Et il est certain que le vin tel que nous le connaissons aujourd’hui ne pourra être le même sans les efforts de l’ensemble de la filière. Deux grandes batailles donc : réduire l’impact du réchauffement climatique sur la vigne en adaptant la façon dont on la travaille et en se positionnant sur une agriculture bien plus raisonnée.
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